
SUDBURY – La saison des feux de forêt 2025 s’annonce déjà comme l’une des plus intenses jamais enregistrées au Canada. En ce début juin, plus de 200 incendies sont actifs à travers le pays, dont la moitié sont jugés hors de contrôle. Les provinces de la Saskatchewan et du Manitoba ont déclaré l’état d’urgence, tandis que des milliers de personnes ont été évacuées, notamment dans le Nord-Ouest de l’Ontario.
Pourtant, au début de saison en avril, les données ontariennes étaient en dessous de celles enregistrées l’année dernière à la même période et inférieures à la moyenne des dix dernières années.
« Quand on est arrivé au mois de mai, on a commencé à voir de nouveaux feux se confirmer et prendre de l’envergure dans le Nord-ouest ontarien avec des évacuations importantes de population », rapporte Isabelle Chénard, agente d’information au ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario (MRNF).
La Première Nation de Wabaseemoong, située à environ 100 km au nord-ouest de Kenora, a été entièrement évacuée en mai dernier, soit plus de 800 personnes déplacées vers Niagara Falls et Winnipeg. Cette opération logistique, coordonnée par Xpera en collaboration avec les autorités ontariennes et manitobaines, vise à leur offrir un hébergement temporaire.
Au Manitoba, plus de 18 000 personnes ont été évacuées à cause de feux de forêt, soit la plus grande évacuation de l’histoire de la province selon une déclaration du premier ministre, Wab Kinew.

Bien que des évacuations aient déjà eu lieu par le passé notamment dans des villes comme Kapuskasing et Val-Rita, le recours à des hébergements aussi éloignés que Niagara Falls est exceptionnel et souligne l’ampleur des défis posés par la saison des feux de 2025.
« Toutes les personnes évacuées bénéficient d’un soutien complet et intégré, notamment en matière de soins de santé, d’éducation et d’autres services sociaux. Sept autres vols sont prévus pour aujourd’hui », précise Jill Dunlop, ministre de la Protection civile et de l’Intervention en cas d’urgence dans une déclaration transmise à ONFR.
Des vols sont en cours pour transporter des membres de la Première Nation de Webequie vers le comté de Simcoe et les évacués restants de la Première Nation de Deer Lake dans la région de Toronto.

Plutôt calme dans le Nord-Est ontarien
En 2023, l’Ontario avait connu l’une de ses pires saisons de feux de forêt en deux décennies, avec plus de 700 incendies et près de 440 000 hectares brûlés, un contraste marqué avec 2024, où l’activité a été nettement en baisse malgré une estimation alarmiste de la sécurité publique.
La province avait alors subi 480 feux de forêt, affectant près de 90 000 hectares, ce qui était inférieur à la moyenne décennale de 694 feux et 201 781 hectares brûlés.
Impossible de prévoir ce à quoi pourrait ressembler le bilan de cette saison, mais les statistiques enregistrées jusqu’à maintenant en Ontario semblent indiquer de possibles records à venir.
« Au début du mois de juin, les statistiques provinciales sont maintenant bien au-dessus de celles de 2024 au niveau du nombre de feux et d’hectares brûlés et quand on regarde la moyenne de la dernière décennie on en est à peu près au même nombre de feux, mais en ce qui a trait aux hectares brûlés ça a déjà plus que doublé », fait savoir Mme Chénard.

Contrairement au Nord-Ouest de l’Ontario, qui fait face à une saison des feux de forêt particulièrement intense, le Nord-Est connaît un début de saison relativement calme.
En date du 5 juin, seul un incendie, dans la région de Wawa, y est actif selon les plus récentes données du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, tandis qu’il y en a 15 dans le nord-ouest.
Cette situation plus stable s’expliquerait, toujours selon le MRNF, en partie par des conditions météorologiques plus humides et fraîches dans la région, réduisant ainsi les risques d’ignition et de propagation des feux.
« Au niveau de prévision météorologique, on a vu de la foudre avec un front froid qui s’est propagé dans le nord-ouest ontarien et un peu dans la partie ouest du nord-est. On continue à faire des vols de détection pour voir s’il y a eu des feux qui ont été déclenchés causés par cette foudre-là. Comme on peut voir des feux commencer jusqu’à sept jours environ après ça, on va garder un œil là-dessus », termine la Franco-Sudburoise.
Si les résidents de l’Ontario voient des feux, de la fumée ou des flammes, ils peuvent le signaler en composant le 3103473, soit 310 Fire en anglais.