
Une cliente de la Banque Royale qui s’est fait voler 50 000$ n’est pas surprise de voir qu’ils sont des centaines comme elle.
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«On est plus de 200 personnes. Qu’est-ce qu’ils [la Banque Royale] ont fait? Ils ont délibérément laissé ça passer», peste Aurélie Depoilly, 42 ans, superviseure dans un centre d’appel dans le secteur des assurances.
En novembre dernier, Le Journal avait raconté l’histoire de cette mère monoparentale de la Rive-Nord, qui disait s’être fait frauder par un faux employé de cette banque.
Or, sept mois plus tard, une déclaration sous serment du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) obtenue par Le Journal montre qu’elle est loin d’être la seule.
On y apprend qu’un réseau de fraudeurs a mis au point un système bien huilé pour soutirer de l’argent à leurs victimes.
«Je ne suis pas surprise vu que l’histoire était très bien ficelée», observe Mme Depoilly, qui n’a toujours pas revu la couleur de son argent.
Deux modus operandi
Deux types de fraudes sont détaillées dans le document du SPVM consulté par Le Journal.
Dans le premier cas de figure, le voleur se fait passer pour un employé de la Banque Royale. Il dit à sa victime que sa carte bancaire est piratée. Il envoie ensuite un chauffeur UBER pour aller la récupérer en prétendant vouloir régler le problème.
Dans le second stratagème, le voleur se fait encore passer pour un employé de la banque. Cette fois, il pousse la victime à verser 10 000$ dans son propre compte de banque pour bloquer de soi-disant transactions frauduleuses (pour atteindre la limite de retrait par jour).
«Je veux mon argent»
C’est ce type de fraude dont a été victime Richard Dupuis, un ex-cadre de Goodyear, qui s’est fait voler 7400$, comme l’avait rapporté Le Journal.
Dans la région de Québec, Lucille Petitclerc, une autre victime, ne digère toujours pas que la Banque Royale n’ait pas bloqué la transaction de 10 000$, même si elle les avait avisés moins d’une heure après le vol.
«J’ai toujours dit que c’était un employé de la Banque Royale», réagit-elle.
«Si la Banque Royale avait vérifié mon adresse IP, elle aurait bien vu que ça clochait. Je veux mon argent», ne démord-elle pas.
De son côté, l’Ombudsman des services bancaires et d’investissement (OSBI) n’a pas voulu se mouiller en déclarant que ses «enquêtes sont confidentielles».
«En 2024, nous avons recensé 966 cas de fraude, ce qui représente 38% de tous les dossiers bancaires ouverts au Canada», a indiqué son porte-parole, Mark Wright.
La Banque Royale se défend
Interrogée par Le Journal lundi, la Banque Royale a dit travailler «avec les organismes d’application de la loi pour appuyer leur enquête».
«Nous invitons les clients à communiquer avec nous s’ils estiment avoir été victimes d’une escroquerie ou d’une fraude, car nous traiterons chaque affaire au cas par cas. Nous faisons part des conclusions de ces enquêtes directement à nos clients, en exposant les motifs de notre décision», a déclaré sa porte-parole Jessica Assaf.
«Nous avons une équipe d’experts en fraude dédiée qui travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour prévenir et déceler les fraudes, et enquêter à leur sujet», a-t-elle conclu.
– Avec la collaboration d’Ian Gemme